La tech & la science au service des femmes excisées

Nous avons crée des outils pédagogiques scientifiques, une série de modélisations d’animations 3D, compréhensibles par toutes à travers le monde, sur les techniques d’altération du sexe (tous types d’excision et l’infibulation), l’anatomie du  sexe féminin avec un focus sur le clitoris, la chirurgie de transposition du clitoris.

L’idée est de créer des outils pédagogiques, basés sur les connaissances d’anatomie les plus récentes qui permettent aux femmes de comprendre l’excision, l’expérience de la lame, ce que la lame a fait exactement et ce qu’elle n’a pas.

On commence à leur expliquer comment le sexe féminin est fait, l’architecture et la fonction du complexe clitoridien dans leur sexualité.  Et on finit par une description schématique de ce que le traitement chirurgical de reconstruction du clitoris permet ou pas d’obtenir

Pourquoi créer ces outils et recourir à la tech ?

Les femmes n’ont pas de mémoire partagée, de récit sur ce qui leur est arrivé, bébé ou enfant. Personne ne leur explique au sein de leur famille ce qu’on leur a fait.
Il est vrai qu’à l’hôpital en France par exemple, les gynécologues prennent le temps de faire ce travail d’explication à partir de planches anatomiques, et d’outils ordinaires tel que le miroir pour montrer leur sexe altéré aux femmes. Ils prennent le temps aussi de leur expliquer vite fait la trajectoire de la lame.

Mais ce n’est pas suffisant pour les femmes qui peuvent avoir du mal à visualiser et à intégrer la configuration de leur sexe et à comprendre la trajectoire de la lame.

En effet, les images anatomiques en 2 D ne parviennent pas à prendre en compte les volumes et les formes qui subsistent après l’amputation des organes et tissus sexuels du périnée antérieur des femmes.

De même, la trajectoire de la lame n’est pas bien traduite par un coup de crayon, les vues de face, sans indications des différentes parties, volume, épaisseur et tracé de l’amputation ont un effet déréalisant et ne permettent pas de comprendre l’excision, ce qui s’est passé et qui n’a jamais été transmis.

Créer de nouvelles conventions graphiques réhabilitant le corps noir féminin

Le peu d’outil de prévention qui existent recourent à des pratiques représentationnelles déshumanisantes, spectaculaires et sanglantes qui bafouent la dignité et la sensibilité des femmes victimes de cette violence.

La personnalité des femmes africaines a été effacée par le medical gaze et le discours de plaidoyer.

Aussi, nous avons crée des outils qui expliquent l’excision en déconstruisant le medical gaze, et le pornotropic gaze hégémonique. Il s’agit de remettre le corps des femmes debout (dessiner un personnage féminin, un corps entier avec un visage), le désexualiser, respecter les volumes et les formes, recourir à l’illustration, travers l’incarnation par la colorométrie. L’enjeu qui fera la différence c’est de bien expliquer aux jeunes femmes le geste opératoire initial et les conformations réelles des vulves excisées. Il n’y pas rien après une excision.